Pour mémoire, on appelle maquette numérique (ou Building Information Modeling), une représentation numérique sémantique et géométrique tridimensionnelle des caractéristiques fonctionnelles et/ou physiques d’un ouvrage dans un niveau de détail nécessaire et suffisant pour assurer les traitements attendus en fonction du cycle de vie du bâtiment. Le niveau de détail et les objets décrits ne sont pas les mêmes pour une opération de construction ou une maintenance. Elle est constituée d’objets et d’espaces identifiés et renseignés (nature, composition, propriétés physiques, mécaniques, comportement, performances, etc.).
Elle décrit l’ouvrage pendant tout ou partie de son cycle de vie (programmation, conception, réalisation, réception, exploitation-maintenance, déconstruction/valorisation). La maquette numérique d’exploitation et de maintenance résulte soit de la maquette numérique de construction, ou de réhabilitation, ou de numérisation de patrimoine, en incorporant de nouvelles données, liées à l’usage, et celles spécifiques à l’exploitation et à la maintenance. Elle doit répondre aux besoins exprimés par le maître d’ouvrage pour la maintenance et l’exploitation de ses ouvrages, selon la charte ou le cahier des charges BIM mis en œuvre.
LE BIM est avant tout une base de données normalisée et ouverte qui intègre les informations souhaitées.
A la différence donc d’un simple modèle 3D « mort » tel une maquette physique en polystyrène qui ne représente qu’un enchevêtrement de volumes, la maquette numérique est surtout porteuse de données.
L’exploitation des bâtiments représente près de 75% du coût global d’un bâtiment et le plus grand gisement de retour sur investissement du BIM concerne cette partie du cycle de vie d’un bâtiment.
Sans maquette, la seule planification de cette maintenance, sans même parler des travaux, est une tache extrêmement fastidieuse. Mais avec une maquette numérique, il est possible de modéliser et sémantiser chacun de ses équipements dans la maquette numérique et de les transcrire directement dans la GMAO. Ainsi, chacun des équipements présents dans la maquette l’est également dans la GMAO et toutes les informations associées sont centralisées :
- Localisation de chaque ouvrage et équipement
- Dates des prochaines maintenances préventives
- Planification des dates d’intervention de chaque prestataire,
- Listes des pièces détachées et leur présence en stock
- Coordonnées du prestataire en charge de l’intervention,
- Manuel d’utilisation de l’équipement
- Quantités, marques, modèles, coût
- Surfaces, volumes, accessibilité
- Réseaux de fluides (systèmes)
- Structure, matériaux
Dès lors, l’exploitation du BIM dans le cadre d’une maintenance permet de gérer efficacement les cycles de maintenance :
Le BIM et sa maquette numérique sont donc des outils formidables d’aide à la maintenance d’un bâtiment au service des maitrises d’ouvrage mais aussi des prestataires ou équipes de maintenance.
1. Faciliter l’échange des données
Utiliser le format IFC
Le format de sérialisation de fichier IFC est un standard normalisé (ISO/PAS 16739) ouvert (non-propriétaire) dont l’acronyme signifie Industry Foundation Classes. Il utilise la structure STEP (standard pour l’échange de données de produit, ISO 1030321). L’utilisation de ce format permet de structurer, organiser et hiérarchiser les informations sous la forme d’objets (classes) et d’attributs (property sets / psets), ceci afin de faciliter l’interopérabilité des maquettes numériques dans tous les différents logiciels BIM du marché.
L’association BuildingSmart qui définit le standard BIM vient aussi de normaliser un dictionnaire (appellation des ouvrages et équipements) transverse à la communauté des constructions bâties (bâtiments et infrastructures) : BSDD (BuildingSmart Data Dictionnary)
De nombreuses classifications existent et permettent de trier les données. Cette étape est essentielle pour optimiser la recherche et donc la mise à jour des informations tout au long du cycle de vie d’une maquette BIM.
Les formats et classification sont les éléments principaux pour s’assurer d’une définition claire des éléments constituants la maquette (classification de données), d’un échange fluide entre tous les acteurs et leurs différents logiciels métiers en phase conception et de construction (IFC) ainsi que d’une passerelle exhaustive vers l’exploitation et la maintenance (COBie). Cependant, lorsque l’on s’intéresse à de l’existant, s’assurer de la récupération et de la mise à jour des informations tout au long du cycle de vie du bâtiment est la phase pouvant être critique.
2. Initialisation et prise en charge de la maintenance d’un bâtiment en BIM
A la livraison d’un bâtiment nouvellement construit ou rénové en BIM, sa prise en charge en maintenance pourra se faire en bonne partie par l’initialisation de la GMAO depuis la maquette numérique. Celle-ci devra être au préalable chartée en surchargeant le modèle objet nécessaire à la maintenance et en spécifiant les sous-ensembles indispensables à la maintenance.
Les acteurs qui ont le mieux réussi la mise en exploitation de la maintenance d’un bâtiment en BIM sont ceux qui ont intégré le « BIM Continuum » dans leur démarche. Celui-ci consiste à mettre en jeu la GMAO dès la réception du chantier afin que la maitrise d’ouvrage mandate sa direction technique ou son prestaire pour assurer cette opération directement avec la plateforme de maintenance. En effet, une fois la maquette numérique chargée, la GMAO est utilisée pour faire l’inventaire des ouvrages et équipements avec leur état, leur statut, leur documentation et les éventuelles réserves en cas de non-conformité. Lorsque toutes les non-conformités sont levées, la réception est prononcée et le bâtiment est immédiatement exploitable en maintenance.